Née à Moscou en 1977, Tatiana Potapova suit un parcours artistique qui semble être inscrit dans les astres alors que les débuts de sa carrière professionnelle dans le milieu de la finance internationale étaient exactement situés aux antipodes.
Pourquoi avoir changé si drastiquement d’orientation professionnelle ?
Depuis ma plus tendre enfance, le milieu artistique et en particulier celui du dessin et du modelage m’a toujours attiré. Petite fille, je prenais cours deux fois par semaine dans un atelier de céramique à Moscou et je recopiais les albums d’anatomie de mon frère alors étudiant en médecine. J’ai toujours été passionnée par les proportions et je photographie immédiatement dans ma tête toutes ces informations qui me permettent de façonner mes oeuvres par la suite. Fille d’ingénieur, je pense avoir reçu à la fois la rigueur et le besoin de résoudre des problèmes techniques comme ceux inhérents à la stabilité de mes sculptures qui se veulent très aériennes et le côté créatif qui me permet d’exprimer mes émotions au travers de mes réalisations.
Quel est le fil conducteur de votre parcours ?
Le dépassement de soi, car les défis sont une permanente motivation et me permettent de toujours être à la recherche de nouveaux mouvements et de nouvelles technicités. Une grande partie de mon travail consiste à trouver le juste équilibre pour que mes oeuvres tiennent debout. Mon futur projet va être situé dans un endroit public balayé par les vents et les tempêtes; comment faire tenir deux personnages de deux mètres chacun juste par quelques points d’ancrage au sol ?
Aujourd’hui, vous êtes reconnue à l’international, mais le chemin a été long…
Quand j’ai pris ma pause carrière en 2015, je suis tout naturellement retournée à la terre, son contact me manquait. Maman de trois enfants, j’avais besoin de retrouver le chemin de la créativité et de l’expression artistique. J’ai commencé par modeler notre chien, un teckel qui répond au doux nom d’Orange et j’ai été très soutenue par ma belle-famille qui m’a encouragée à aller plus loin dans mes créations. De fil en aiguille, je suis passée de la terre au bronze et les sujets ont d’abord été les personnages et animaux de mon entourage.
Pourquoi avoir choisi le bronze ?
C’était un nouveau défi pour moi, car c’est un univers que je ne connaissais pas du tout et qui m’a de suite interpellée; la sculpture en bronze transcende l’art et lui donne une forme d’intemporalité. Son exécution consiste en une série d’étapes bien précises dont la réalisation de moules tantôt positifs, tantôt négatifs qui permettront au final d’y couler le bronze liquide dont la température de fusion avoisine les 1300 degrés. Pour chaque modèle, je réalise environ une douzaine d’exemplaires. Une partie importante du travail consiste également à assembler les différentes parties de la sculpture afin de lui donner l’équilibre parfait. J’aime que mes œuvres soient vivantes, légères, qu’elles semblent danser, sauter et jouer.
Quels sont vos sujets de prédilection ?
J’aime m’inspirer de la vie qui m’entoure et de mes rêves d’enfant. J’étais fascinée par le patinage artistique, le ballet ou encore la gymnastique que je pouvais regarder pendant des heures à la télévision quand j’habitais encore Moscou.
Une exposition en particulier vous a propulsée sur le devant de la scène…
En 2020, j’ai été invitée à la cinquième édition de la biennale de la sculpture à Lasne et j’y ai remporté le prix du public. Celle-ci étant jumelée avec la biennale internationale de la sculpture à Montreux, j’ai exposé « Big Freedom » sur les bords du lac Léman où j’ai également reçu le prix du public. Aujourd’hui, je travaille principalement sur commande et j’ai la chance d’avoir acquis une réelle reconnaissance auprès de collectionneurs d’art en Belgique comme à l’étranger.
Tatiana vous reçoit sur rendez-vous à Tervuren
Mail : potapovatat@gmail.com
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