CHRISTIAN WILLEMS
Artiste au double talent

Musicien, il se produit à forest-national, au cirque royal, à l’Olympia ou à l’Ancienne Belgique.
Sculpteur, il se retrouve aux Galeries de la Reine ou au Sablon.

D’où vient ta passion pour la musique ?
Dans les années 60, je suis fou de musique et spécialement des Beatles que j’écoute en boucles. Je traîne ma bosse à la « Jument Balance ». A 18 ans, j’achète une vieille batterie d’occasion et tous les jours je joue. Je m’exerce pendant des heures. Pendant 4 ans, je joue seul, dans une petite pièce dédiée à ma passion. Je suis autodidacte. J’acquiers les techniques de base. J’apprends les rythmes fondamentaux.
Je m’essaie aux enchaînements plus complexes. J’améliore mon groove. Un musicien qui passe dans la rue entend par hasard le son de ma batterie. Il aime le rythme et est étonné de mes riffs. Il frappe à la porte et m’explique qu’il est à la recherche d’un batteur pour former un nouveau groupe. Eyes voit le jour. Ce sont mes vrais débuts dans le monde musical. Pendant 3 ans, je suis le batteur de Eyes. Nous ne nous produisons pas en salle, nous sommes un groupe de compositions.

Comment es-tu devenu le batteur de Pierre Rapsat ?
A ce moment, Pierre joue de la basse dans son premier groupe « Laurélie » ensuite il formera « Jenghiz Khan ». En 1974 Rapsat sort son single « New York ». Septique à la première écoute, je deviens fan absolu de ce morceau. Si je dois être professionnel un jour, c’est avec ce gars- là ! Ce n’est pas du rock conventionnel, sa compo est recherchée avec des arrangements sophistiqués. Tout ce que j’aime. Eyes par contre fait du surplace. Je m’y trouve à l’étroit. Avec notre groupe, on n’avance pas, on gratouille. On manque d’ambitions, d’idées. Rapsat me voit jouer à la « Jument Balance », et lui, que je prends comme inaccessible, me téléphone. Il veut former un nouveau band. Il vient chez moi avec deux musiciens : Christian Janssen, bassiste de Wallace Collection et Peter Locket, guitariste du groupe SpookiToot. Je suis stressé à mort.
Après trois morceaux, il me demande de participer à quelques maquettes. Je rame, mais je fais mon job. Je suis conscient qu’il y a encore beaucoup de travail avant de devenir un vrai pro.

Quand deviens-tu musicien professionnel ?
Après avoir sorti son deuxième album « Musicolor », Rapsat forme un groupe avec des musiciens de la région : Francis Géron à la basse, André Delvigne à la guitare, Jean-François Maljean au clavier, Pierrot au chant et à la guitare, et moi-même à la batterie. La véritable aventure avec Pierre Rapsat démarre à ce moment-là. Sur les 17 albums studios de Pierre, j’en ferai 13, de 1974 à 1996. A l’époque, la profession de chacun fi
gure sur les cartes d’identité, en 1979, je suis devenu officiellement « Musicien ». En plus de jouer de la batterie pour Pierre, je crée une petite boîte de production. Je fais des jingles, des musiques de fillm, des habillages sonores destinés au monde de l’audiovisuel. Avec Jean-François, nous formons le duo « Maljean Willems ». Ensuite, j’intègre le groupe « Abbey Road » qui reprend les succès des Beatles, comme batteur et producteur. Avec Jean-François, nous formons le duo « Maljean Willems ».

Après 35 ans de carrière pro dans la musique, c’est une tout autre passion qui t’accapare.
Un bilan s’est imposé : pour moi ce métier de musicien, j’en avais fait le tour. A mon humble niveau, je ne pouvais plus que redescendre. Je ne voulais pas terminer comme un artiste qui cherche le cachet devant un publique qui se raréfie. J’avais d’autres ambitions ! De plus j’aime les challenges. Habile de mes mains, manuel autodidacte et me rappelant mes deux années de cours d’étalagiste lors de mon adolescence et les encouragements de mes profs qui me trouvaient doué un crayon ou un pinceau à la main, je me suis mis à dessiner. L’inactivité ne m’intéressant pas du tout, je dessine énormément.
Encouragé par des amis artistes, je décide de tenter ma première expo de peintures à l’écoline. A mon grand étonnement, ce que je fais plaît et suscite un intérêt certain qui m’encourage à continuer.

Après la peinture vient la sculpture ?
Je fais les brocantes pour liquider les antiquités de mon père. Par le plus grand des hasards, je tombe sur un robot, patiné par le temps, orné d’une petite ampoule. Je suis sous son charme et plein d’idées envahissent mon esprit. Je me mets à la recherche d’objets divers, souvent chromés, qui vont me permettre de créer mes propres personnages. Autodidacte, j’assemble mes premiers robots que j’expose chez moi. Mes amis les trouvent géniaux et me conseillent de les commercialiser. Et depuis, une nouvelle vie commence.

Tu chines toujours les matériaux nécessaires à tes créations ?
Je me fournis chez les antiquaires et les brocanteurs. Concentré et minutieux, c’est là que je déniche la plupart des objets qui me permettent de réaliser mes sculptures. J’essaye qu’ils restent proches de l’origine et de m’éloigner des autres artistes. C’est une sorte de réemploi artistique, comme le sampling en musique. Je me vois plus comme un sampler d’objets !

Tes sculptures humoristiques ou poétiques sont le résultat d’un assemblage surprenant.
Je prends les objets existants, je ne les transforme pas, je les marie ensemble. Je mets en scène jusqu’à 15 objets différents qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Mes sculptures sont toutes uniques, certi
ées et signées. Elles ont chacune un nom particulier, construites selon ma propre imagination. Je suis ravi de pouvoir m’exprimer au travers de cette passion dévorante. Mes robots composent mon nouvel univers et remportent un engouement certain. Je suis donc un homme heureux. Que rêvez de mieux ?

Interview : Damien Chaballe | Photos : Christian Willems / Eric Duckers