L’avenir se montre plus que réjouissant.
Nous avons rencontré Sophie Delettre, la jeune et dynamique bourgmestre de Spa afin de parler de sa ville, au présent et au futur ….
Spa, ce n’est pas que Pierre le Grand ?
La ville de Spa possède un historique extraordinaire, dont les venues régulières de nombreuses têtes couronnées. Aujourd’hui, ce riche passé nous permet de profiter pleinement de son patrimoine et de son environnement physique ou culturel. L’avenir de Spa se montre plus que réjouissant. Certains biens de notre patrimoine culturel et naturel sont inestimables et irremplaçables. Ils ont une valeur universelle, exceptionnelle pour l’humanité qu’il faut protéger et préserver. Spa est très loin de se résumer aux visites de Pierre Legrand.
De là, votre candidature à la reconnaissance de Spa au Patrimoine Mondial de l’Unesco ?
Nous avons déposé un dossier de candidature commune avec dix autres villes thermales européennes, dont Vichy en France, des villes Autrichienne, Allemande, Tchèque, Anglaise et Italienne. Un dossier qui fut long et fastidieux à réaliser vu les problèmes de langues et la lenteur de certaines décisions politiques propres à chaque ville. Nous recherchons une reconnaissance pour le patrimoine thermal de ces onze villes, avec comme plus- value pour Spa, dans cette candidature, le patrimoine naturel extraordinaire que nous avons la chance de posséder. Spa, c’est aussi un paysage thérapeutique unique, avec ses promenades et l’ensemble des sources qui se situent dans les bois de notre région.
Spa, l’une des plus grandes villes d’eaux d’Europe, est devenue un nom commun, associé à l’eau et au bien-être. Quels seront les bénéfices en cas d’inscription au Patrimoine Mondial de l’Unesco ?
Si Spa est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, cela ne lui rapportera pas de subsides, mais du prestige, de la visibilité … et donc plus d’attrait touristique et de fréquentation. Nous pourrons mettre encore plus en avant ses activités : sources, bains, casino, salles de théâtre et de concerts, galeries couvertes, parcs, promenades aménagées, circuit, golf, … Mais c’est aussi l’« esprit du lieu » qui mérite d’être reconnu. On ne peut le toucher, seulement le vivre : entre bien-être, repos, nature et amusement, le temps ne s’écoule pas dans les villes thermales comme dans le reste du monde ! Si les touristes profitent de ce patrimoine, les habitants de Spa en sont les premiers bénéficiaires et ils sont directement impliqués dans la vie et le dynamisme de celui-ci.
Quand devrions-nous connaître l’aboutissement de ce lourd dossier ‘The Great Spas of Europe’ ?
Selon les observateurs et après le passage des experts de l’Unesco, le dossier a de grandes chances d’aboutir. Nous serons fixés en juillet de cette année, ou au plus tard en juillet 2022.
Spa serait la 1ère ville francophone a obtenir ce formidable label Unesco. Cette reconnaissance ne risque-t-elle pas de figer Spa dans son passé et de ralentir l’évolution de la ville ?
Le but n’est pas de mettre Spa sous cloche. Nous mettons toute notre énergie pour promouvoir et développer le culturel et le sportif en étant attentif à notre patrimoine. Notre rôle est d’amuser le curiste tout en gardant en priorité le bien-être du citoyen. Avec ou sans l’Unesco, Spa reste attractive. Au terme de mon mandat, je voudrais, avec mon équipe que Spa soit mieux. Nous faisons le maximum pour dynamiser le commerce. Nous sommes à l’écoute des associations culturelles et sportives. Nous sommes conscients de l’importance de la vie associative. D’ailleurs, cette candidature, c’est avant tout pour les Spadois, afin de préserver leur environnement naturel et bâti, dans le respect de nos traditions. Nous cherchons à protéger et partager notre patrimoine, à garder notre écrin et montrer au monde entier que le thermalisme c’est ici.
Certains quartiers de la ville ressemblent actuellement à de grands chantiers.
Spa bouge ! C’est évident qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs, mais je vous promets une ville attractive et bien plus conviviale d’ici 2024. Il va falloir être patient, souffrir de quelques désagréments, mais cela en vaut vraiment la peine. Une partie de la ville sera piétonisée du Pouhon Pierre le Grand au Parc des 7 heures. Les anciens thermes sont en totale rénovation pour devenir un nouvel hôtel, la Galerie Léopold 2 et le pavillon Marie-Henriette vont subir d’importants travaux de rénovations pendant 18 mois, le quartier de l’Hôtel de ville est également en complet réaménagement. Nous allons agrandir les jardins du Casino, et cette liste est loin d’être exhaustive.
Le job de bourgmestre est loin d’être de tout repos ! Quel est le plaisir dans cette fonction ?
Le plus grand plaisir, c’est de rencontrer la population. J’avais 3 ans quand Joseph Houssa est devenu bourgmestre. Il l’est resté 36 ans. En 2000, il est venu me chercher. et à 16 ans j’ai décidé de rejoindre un parti politique. En riant, j’ai annoncé qu’un jour je serai bourgmestre… Joseph Houssa, ce roc inébranlable, jamais avare de bons conseils, s’est effacé de la scène politique après nous avoir préparé le terrain. Je ne me considère pas comme une politicienne, je suis juste une amoureuse de Spa. Je voudrais la rendre plus jolie plus agréable. J’aime rencontrer les gens, même s’ils ne sont pas tous satisfaits, J’essaye de rendre service, même si parfois je n’y arrive pas.
Et quel en est le revers ?
Spa est une ville étonnante qui recèle bien des surprises. Seul petit bémol, en tant que maman de deux jeunes enfants, je vous avouerai que les horaires irréguliers et les très nombreuses réunions ou obligations après 20 heures me pèsent parfois. Heureusement, je reçois régulièrement les encouragements de très nombreuses personnes. Avoir comme mission le bien-être des Spadois et de nos visiteurs est passionnant !
Texte : Damien CHABALLE.